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Soirée lecture avec Noël Casale et Xavier Tavera


« Le moment présent, celui auquel j’écris est difficile, mais le moment antérieur au présent était catastrophique. »

Samedi 25 mai, l'Agora proposait à ses adhérents une soirée lecture avec un texte  "du plus italien des écrivains tout en étant le plus isolé dans la littérature italienne." (Italo CALVINO)

 

Grâce au grand auteur italien Giorgio MANGANELLI (1922-1990), Noël CASALE et Xavier TAVERA ont cherché à enterrer un père. Mais lequel ? Celui de Xavier ? Celui de Noël ? Celui de  MANGANELLI ? Ou MANGANELLI lui-même, tant il en impose ? Ou bien celui «qui êtes aux cieux» ? Comment savoir ?

Ça a devisé, déblatéré, papoté, confabulé et parfois même débagoulé ... pour être tout à fait honnête, disons qu’il s’agissait probablement d’un dialogue qui sonnait parfois faux, parfois vrai, mais MANGANELLI aimait dire que «seules les flèches de l’archer du Mensonge feront saigner le cœur du Vrai ».


Giorgio MANGANELLI (1922-1990), écrivain milanais installé à Rome, fut aussi critique littéraire, journaliste, traducteur (Edgar Allan POE, T.S. Elliott…) et chroniqueur (il Giorno, la Stampa, Il Corriere della Sera et il Messaggero, l’Express, le Monde, l’Europe, Epoque).

 

Il a collaboré au Grupo 63, mouvement littéraire italien qui se qualifie de neo-avant-garde.

 

« …Depuis vingt ans, la littérature italienne possède un écrivain qui ne ressemble à nul autre, incomparable en chacune de ses phrases, un inventeur inépuisable et irrésistible dans le jeu du langage et des idées : « [...]« Manganelli est le plus italien des écrivains tout en étant le plus isolé dans la littérature italienne. » (Italo CALVINO)

 

Son œuvre tourne autour d’un questionnement ou d’un détournement de l’écriture. Il a déclaré dans « la littérature comme mensonge » que la tâche de la littérature est de transformer la réalité en mensonge, en scandale et en mystification.

 

« Il fut un temps où il n’y avait pas de littérature. Un temps qui ne dura guère, d’ailleurs : quelque chose comme dix mille à trois millions d’années, le temps pour la terre de se refaire trois fois une beauté, d’aller deux fois au théâtre et cinq au cinéma, et de commencer une analyse. Il m’est facile d’imaginer un temps sans autos ni locomotives ni drapeaux ni premiers ministres ni prêtres, sans zoos ni attaché-cases ni télévisions ni microsillons ; mais pas un monde ou un temps, une série ou un chapelet de générations, sans littérature. Je ne peux pas m’empêcher de penser que les hommes et les femmes avaient alors tout ce qu’il fallait pour faire de la littérature : ils avaient les mots, les cimetières, les exclamations, les maladies, la faim, l’incertitude du lendemain, le feu qui réchauffe et celui qui brûle, les coups de foudre et les aversions, les avortements et les massacres, les familles et les adultères ; mais la littérature, ils ne pouvaient pas l’avoir. Il leur manquait ces choses à bon marché qu’on achète au tabac du coin ; mais nos ancêtres, les hommes de l’époque pré-Agatha Christie, n’avaient pas de marchands de tabac. Ils n’avaient ni papier ni crayons ni plumes ; en auraient-ils eu, il leur manquait encore l’alphabet ; auraient-ils eu l’alphabet, il leur aurait manqué les éditeurs, relieurs, typographes, librairies, bibliothèques, chroniqueurs littéraires, prix littéraires, titres, catalogues,etc.
Mon opinion – une opinion un peu étroite mais honnêtement partisane – est que, durant quelques milliers de générations, la vie sur la terre dut être d’un ennui extrême. »

Quelques images de la soirée...

 

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