"Enterrement de Tino Rossi, La Madeleine, Paris, 1983 - Avec l'aimable autorisation de M. William Klein
Samedi 14 septembre, Noël Casale a proposé aux adhérents de l'Agora, sa pièce Liberty Valance est mort.
Accompagnement au plateau: Pascal Omhovère
Lumière: Marc Delamézière
Costume: Anne Buguet
Remerciements: Pierre Lungheretti, Alexandre Périgot
Écrit à New-York dans le cadre d'une bourse de l'Institut Français
Créé aux Labos d'Aubervilliers en 2004 (et en tournée depuis)
Co-production: Théâtre du Commun (Bastia) / Théâtre Kallisté-Ville d’Ajaccio. Soutien: Théâtre des Treize Vents, C.D.N. de Montpellier / Labos d’Aubervilliers / Le Minotaure, Scène de Vendôme / Institut français de New-York
Publication en cours aux Éditions Albiana, Ajaccio
Cette pièce, jouée pour la 247ème fois, a été écrite par Noël Casale à New York lors d'une résidence. Seul en scène, éclairé uniquement par une télé cathodique, l'auteur et acteur essaye de raconter le western de John Ford "L'homme qui tua Liberty Valance" à sa mère qui regarde en même temps les actualités régionales. Elle connait le film et ne va cesser de l’interrompre, de donner sa vision du film et du monde, de son monde… Présente dans la pièce, la grand-mère paternelle regarde et commente les actualités, les propos de son petit fils et de sa belle-fille. Elle se raconte aussi, parle de la vie, de cette vie où «… tranquille, je ne l’ai jamais été. Jamais. Peut-être au moment de mourir, je le serai. Mais jusqu'à maintenant, je n’ai jamais été tranquille une minute… »
"Et il se pourrait que le Far West du 19ème siècle nous parle de nouveau "des femmes et des hommes de notre temps" (Wallace Stevens). " Noël Casale
Une belle ouverture de saison pour l’Agora…
"Noël Casale est Corse. Je ne parlerai pas de la Corse. Ce n'est pas la Corse qui m'intéresse, pas plus que l'Algérie, Sarajevo ou le conflit israëlo-palestinien. Non, ce qui m'intéresse ici, puisque je parle de théâtre, c'est ce qu'il en est du rapport entre le réel et les œuvres. La terre, les terres, tant les délires et aveuglements de l'enracinement semblent vouloir les multiplier, sont terres de tragédies. La Corse serait-elle de ces terres ? Mais s'il s'agit bien d'elle dans le théâtre de Noël Casale, parce que l'auteur fait œuvre de poète, il s'agit aussi de toute terre et, je crois, de chacun, du visage, aussi du visage de chacun.
Noël Casale est écrivain, metteur en scène, comédien et Corse. "L"universel, c'est le local moins les murs" écrivait le poète portugais Miguel Torga. Là est la force des artistes, leur justesse et parfois, leur travaux dessinent ainsi l'horizon d'une justice autre (…) Liberty Valance est mort commence par une mère qui empêche son fils de raconter le western de John Ford, The man who shot Liberty Valance. Avec Noël Casale, le théâtre fait son cinéma. Western et tragédie nous parlent comme chez Eschyle de l'abattoir humain, de l'irruption de la loi face à notre sauvagerie, quelque chose de la Cité, du Politique, du Vivre Ensemble.
De cette impasse: vivre ensemble ? On pourrait rapporter au sujet de cette pièce de Noël Casale ce que Brecht a dit un jour à Kateb Yacine qui lui avait demandé d'écrire sur la guerre d'Algérie. Brecht lui avait répondu que c'était à lui, poète algérien, d'écrire sur cette guerre qui venait de commencer. Ce sera une tragédie avait expliqué Yacine. J'espère que non avait objecté Brecht. Une tragédie est sans issue. Je vous souhaite une comédie, ou, plus justement un drame où tout est possible. Le théâtre ne change pas le monde, dit-on, mais celui de Noël Casale me fait penser à cette remarque de l'autrichien Karl Kraus: "L'art sert à nous décrasser les yeux".
Michaël Glück dans « L'Hérault du jour ».
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